Comprendre comment se font les calculs des points permet d’éviter les pièges, mais aussi d’exploiter certaines failles inhérentes à la limitation des paramètres permettant les calculs.
La transaction que vous venez de faire chez IGA avec votre Carte Mastercard BMO AIR MILES peut sembler simple, mais IGA et BMO ne disposent pas des mêmes informations pour vous créditer vos milles AIR MILES et le nombre de milles crédités sera sans doute différent sur vos deux relevés.
Dans cet article, je souhaite vous montrer les nuances à connaître au sujet des points.
Que ce soit lors de votre achat en magasin ou en ligne, lorsqu’un marchand vous crédite des points lors de vos achats, il dispose de beaucoup d’informations sur ce que vous avez acheté à commencer par l’information de chaque produit de votre facture.
Comme il a accès au détail de la transaction, un marchand peut donc exclure certaines lignes lorsqu’il calcule le nombre de points obtenus. Souvent, les mêmes règles d’exclusions vont aussi s’appliquer pour les rabais aînés et les rabais employés.
Les exclusions sont quelque chose qu’il faut absolument surveiller, même si pour cela on doit aller lire les petites lignes. Il existe plusieurs catégories d’exclusions qui ont chacune leurs histoires et leurs règles d’application.
Il arrive que certains produits ne puissent pas être escomptés par les lois ou les règlements. Cela empêche légalement le marchand de vous donner des points sur ces produits.
Au Québec, la loi sur la pharmacie empêche le pharmacien de donner des escomptes sur les médicaments qu’ils soient sous prescription ou en vente libre. Les pharmacies du Québec ne peuvent donc pas donner de points sur les médicaments.
On retrouve aussi dans cette catégorie d’exclusion :
Le marchand peut aussi décider d’exclure certaines lignes de la transaction sur lesquelles il ne fait pas (ou peu) de marge de profit. Par exemple :
Exemple : Aéroplan et Uber Eats
Le marchand peut aussi inclure ou exclure spécifiquement des catégories / gammes de produit.
La raison principale est que le commerce ne fait pas suffisamment de marge de profit sur la vente, c’est le cas par exemple pour les billets de transport en commun, les timbres, etc.
Exemple : Aéroplan et Amazon
AIR MILES Shop, la E-boutique Aeroplan et Rakuten ont commencé depuis l’an dernier à exclure plusieurs catégories pour Amazon. Les catégories admissibles changent assez souvent et dépendent du portail utilisé. Il est plus que souhaitable de vérifier la catégorie du produit convoité et faire une capture d’écran des exclusions lors de l’achat pour éviter les surprises
Pour un marchand, il y a une grosse différence entre vendre une carte-cadeau d’une autre bannière (ex : une carte Netflix, Amazon) et une carte cadeau de sa propre bannière.
Dans le premier cas, on parle d’un produit comme un autre, le magasin va faire une marge (entre 5 % et 15 %) lors de la vente.
Dans le second cas, le magasin ne fera pas d’argent sur la transaction, il va simplement recevoir un paiement du client qu’il va échanger contre une «reconnaissance de dette » (une carte-cadeau) et placer ce montant en fiducie (la chambre de compensation).
Lorsque le client utilisera sa carte cadeau, le marchand fera son profit sur la vente des marchandises et sera payé avec l’argent qui est dans la fiducie.
C’est pour cela que majoritairement dans les règles, les deux achats ne sont pas traités de la même manière.
Finalement, le marchand peut décider d’exclure entièrement la transaction sous certaines conditions. Par exemple si on utilise un coupon, une autre promotion ou si la transaction fait déjà l’objet d’une réduction de facture comme un achat employé ou un escompte seniors.
C’est le cas pour Uber Eats quand on utilise la eBoutique Aéroplan.
Exemple : Amazon et Uber Eats
Il faut donc être très vigilant sur les règles d’exclusions qui vont varier d’un marchand à l’autre.
Le calcul des points de base se fait sur la transaction une fois que les exclusions sont retirées en se basant sur le prix de l’article une fois que les rabais sont appliqués (ex : promotions, escomptes employés, etc.).
Pour AIR MILES, les achats IGA se cumulent sur une semaine du lundi au dimanche et non pas uniquement par transaction.
Le montant ainsi calculé va servir pour calculer le nombre de points que l’on va recevoir pour la transaction suivant le barème pré-établi par le programme pour ce marchand.
En général, le nombre de points récoltés est proportionnel au montant cumulé mais il existe certains marchands qui vont appliquer un tarif fixe par exemple à l’inscription à un service ou lors d’un abonnement.
Chaque programme de fidélité a sa propre devise et comme pour les monnaies étrangères, chaque devise a sa propre valeur : par exemple un point PC Optimum n’a pas la même valeur qu’un point Aéroplan ou qu’un milles AIR MILES.
Donc chaque programme va attribuer des points en fonction de la valeur de devise qu’il va utiliser.
Certains programmes vont avoir une devise très forte et n’offrir qu’un 1 point pour 10 $, 20 $ ou 25 $ alors que d’autres programmes vont offrir une devise plus faible allant jusqu’à donner 100 points pour 1 $.
La moyenne des programmes ont cependant opté pour une cumulation de base à 1 point/1 $.
Chaque programme (et marchand) a sa propre méthode d’arrondissement lorsqu’il calcule le nombre de points que vous devez recevoir.
La majorité des programmes vont cependant utiliser un arrondissement à la baisse donc à l’avantage du marchand.
Par exemple, si l’ensemble de vos achats arrivent à 39.99 $ et que la bonification de base est de 1 point/1 $ vous obtiendrez 39 points alors que si l’accumulation est de 1 point/20 $ vous n’obtiendrez que 1 point pour cette transaction.
Et si votre transaction n’est que de 19.99 $, dans le premier cas, vous allez recevoir 19 points alors que dans le second cas, vous ne recevrez aucun point.
Le marchand peut décider d’appliquer (souvent de façon temporaire) une bonification sur la totalité de la transaction, sur une catégorie de produits dans la transaction (ex : les produits cosmétiques) ou sur des produits spécifiques.
Ces points bonis sont souvent en lien avec une campagne spécifique, et pour des raisons d’analyse de campagne et d’investissement sont souvent comptabilisés à part des points de base.
Quand les points sur une transaction (ou une catégorie ou un produit) sont multipliés, le principe est toujours le même : il y a ce que dit l’annonce (10x les points) et comment cela va se traduire sur le relevé, c’est-à-dire les points de base et une bonification pour arriver à 10x (donc 9x la base).
Par exemple : si nous avons une transaction de 100 $ et que l’accumulation régulière est de 1 point / $ alors on verra sur le relevé 100 points de base et 900 points bonis pour un total de 1 000 points (soit 10x la bonification de base de 100 points).
On peut aussi retrouver des promotions sous forme de points bonis sur des produits spécifiques (ex : 5 milles AIR MILES), dans ce cas la bonification se déclenche lors de l’achat du produit spécifique et s’ajoute aux points que l’on va gagner sur le total de la transaction.
Il existe aussi certaines promotions qui vont se déclencher après un certain seuil d’achat, le but étant toujours de vous faire passer au-dessus de ce seuil.
Exemple : si le panier moyen en épicerie est de 80 $ pourquoi ne pas forcer l’achat de quelques produits de plus en offrant quelques points supplémentaires quand le client dépasse 100 $.
Dans la majorité des cas la réponse est oui, mais peut-être pas aussi cumulative qu’on aimerait le penser.
Pour simplifier dans l’exemple, on va se baser sur une offre de base de 1 point/1 $.
Par exemple, s’il y a une promotion de 5x les points, que en même temps j’ai un coupon qui me donne un autre 10x les points après 100$ et que finalement j’achète 10 produits à 10$ qui me donne 50 points supplémentaires par produit combien vais-je avoir de points au total ?
Note : malheureusement la réponse n’est pas 30 000 points (100+10 x 50) x 5 x 10
Donc les promotions sont cumulatives mais non combinables.
Un 10x les points est toujours meilleur qu’aucune bonification supplémentaire.
En fait, la vraie question est :
Paramètre de l’exemple :
Quelle est la meilleure offre ?
Oui, c’est contre intuitif mais dans la majorité des cas sur le même marchand une promotion de 10x les milles AIR MILES est moins « intéressante » qu’une promotion de 3x les points Aéroplan.
Cela vient de la structure de bonification et des arrondissements.
Dans le cas des cartes de crédit, le « produit » sur lequel on donne des points n’est pas ce qu’il y a dans votre panier mais la « solution de paiement » c’est à dire ce que le marchand va payer comme frais pour qu’il puisse encaisser l’argent de la transaction : les frais d’interchange.
Lorsque vous recevez des points via votre carte de crédit, l’émetteur de la carte dispose de beaucoup moins d’informations que le marchand pour faire le calcul du nombre de points qu’il doit créditer.
On va tout de suite défaire un mythe : au Canada, l’émetteur de la carte de crédit n’a pas accès au contenu du panier (le « Line Item Detail of Purchase »).
Même si le transfert d’informations de Niveau 3 (Level 3 processing) existe en théorie, il ne s’applique pas sur nos cartes de crédit canadiennes (contrairement aux cartes de crédit américaines).
La grande majorité des informations transmises se fait en Niveau 2 (« Level 2 ») entre le marchand et l’émetteur de la carte.
En effet, cela prend deux conditions pour que l’émetteur de la carte de crédit puisse avoir accès au fameux Niveau 3 qui contient l’information de chaque produit acheté d’une transaction « Line Item Detail of Purchase».
Condition 1 : Il faut que ce soit une carte de crédit/paiement «Corporative ». Ces cartes ne sont pas disponibles pour le grand public, elles sont différentes des cartes PME ou personnelles et sont destinées aux grandes entreprises ou à des entreprises gouvernementales.
Condition 2 : Il faut que le magasin supporte le transfert de l’information de Niveau 3. Nous ne rentrerons pas dans les détails, mais c’est un investissement pour le marchand qu’il pourra uniquement rentabiliser s’il passe beaucoup de transactions de cartes corporatives (principalement en économisant sur les frais d’interchange de ces transactions).
Bien que l’émetteur ne connaisse pas le contenu d’une transaction parce qu’il n’a pas accès au Niveau 3, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas demander une copie de la facture au marchand ou au client s’il a un doute.
Dans le cas d’une carte de crédit, les exclusions et les calculs se font donc au niveau des transactions.
Comme lorsque c’est un marchant qui crédite les points, certaines transactions peuvent être exclues.
On y retrouve principalement :
A cela peut s’ajouter certaines clauses comme par exemple celles pour American Express :
Contrairement à la partie du marchand, lorsque l’on est dans le calcul d’une transaction, c’est l’ensemble de la transaction qui est admissible ou ne l’est pas.
Donc par exemple, au restaurant c’est l’ensemble de ce qui est payé incluant les taxes et le pourboire qui va être envoyé à l’émetteur de la carte et donc sur lequel le calcul est fait.
Pour la même raison, vous pouvez donc cumuler des points via votre carte de crédit sur l’achat de médicament même au Québec.
Souvent certains types d’achats permettent d’avoir des points supplémentaires.
Pour cela, l’émetteur va utiliser l’information qu’il reçoit du marchand pour établir si la transaction permet une accumulation supplémentaire (un 2x, 4x, 5x) que ce soit pour un marchand spécifique (Apple, Amazon, Expedia, Petro Canada, Ultramar, Walmart, Marriott, etc.) ou sur un type de commerce (Épicerie, pharmacie, station essence, voyage, etc.).
Le Code de Catégorie de Commerçant (C C C) ou Merchant Category Code (M C C) est une norme qui permet de catégoriser ce qu’un commerce vend.
Les codes C C C existent sous deux formes, les codes identifiant la catégorie du magasin (5912 : Pharmacies) ou dans le domaine du voyage, les codes avec directement le nom de la compagnie (3007 : AIR FRANCE).
Il existe environ 1 000 codes différents pour classifier les commerces. Par exemple il y a deux codes pour les restaurants (5812 : Établissement de restauration, Restaurants et 5814 : Établissements de restauration rapide) ainsi qu’un code spécifique pour les Bars (5813).
Chaque mécanisme de paiement du magasin est assigné à un code MCC, ce code est attribué au magasin et non à la bannière.
Les usagers du groupe Facebook de Milesopedia ont relevé plusieurs incohérences comme par exemple des magasins d’une même bannière qui n’ont pas la même catégorisation. Mais aussi des catégorisations différentes pour un restaurant lorsque l’on paye son repas en salle, sur la plateforme de commande en ligne ou directement au livreur.
Quand une carte de crédit annonce qu’elle donne une bonification supplémentaire pour une catégorie d’achat ( exemple restaurant), elle va définir les M C C qui sont inclus dans la bonification.
Par exemple quand Tangerine parle de Pharmacie aux détenteurs de cartes de crédit Tangerine, ce sont les commerçants classés dans la catégorie 5912 « Pharmacie » et quand elle parle de Restaurants ce sont les commerçants classés dans la catégorie 5812 à 5814 («Établissement de restauration, Restaurants, Bars, Bars-salons, Discothèques, Boîtes de nuit, Tavernes et Établissements de restauration rapide »).
Référence : https://www.tangerine.ca/fr/legal/credit-card-cardholder-agreement/ (Modalités du programme de Remises Tangerine / section 7)
Chaque carte a ses propres définitions donc inclusions et exclusions et de dire que les bars sont inclus dans la définition de “restaurant” pour une carte ne veut pas dire qu’ils sont inclus pour une autre.
7997 : Membership Clubs
8699 : Membership Organizations
5712 : Floor Covering Stores
5719 : Miscellaneous Home Furnishing Specialty Stores
7641 : Furniture, Furniture Repair
7941 : Commercial Sports, Athletic Fields,…
7922 : Theatrical Producers (Except Motion Pictures)
7996 : Amusement Parks, Carnivals, Circuses
7991 : Tourist Attractions and Exhibits
7929 : Bands, Orchestras, and Miscellaneous Entertainers
7998 : Aquariums, Sea-aquariums, Dolphinariums
7832 : Motion Picture Theaters
7829 : Motion Pictures and Video Tape Production and Distribution
5411 : Grocery Stores, Supermarkets
5462 : Bakeries
5499 : Miscellaneous Food Stores
5541 : Service Stations ( with or without ancillary services)
5542 : Automated Fuel Dispensers
5552 : Electric Vehicle Charging
7011 : Hotels and Motels
3500-3828 : Brands (Marriott, Sheraton, Hilton, BW, …)
5815 : Digital Goods: Media, Books, Movies, Music
5816 : Digital Goods: Games
5968 : Direct marketing , continuity subscription merchants
5200 : Home Supply Warehouse Stores
5231 : Glass, Paint, and Wallpaper Stores
5251 : Hardware Stores
5261 : Nurseries, Lawn and Garden Supply Store
5713 : Floor Covering Stores
5714 : Drapery, Window Covering and Upholstery Stores
5718 : Fireplace, Fireplace Screens, and Accessories Stores
5812 : Eating places and Restaurants
5814 : Fast Food Restaurants
4111 : Local/Suburban Commuter Passenger Transportation
4112 : Passenger Railways
4131 : Bus Lines, Including Charters, Tour Buses
4789 : Transportation Services, Not elsewhere classified)
5310 : Discount Stores ou 5311 : Department Stores
Pour Mastercard les Supercentres
5541: Grocery Stores, Supermarkets
La bonification est donc calculée au niveau du marchand c’est pour cela que l’achat d’un litre de lait dans une pharmacie est codé “Pharmacie” et que l’achat d’une brosse à dent dans une épicerie est codé “Épicerie”.
Pour connaître la catégorisation d’un magasin c’est beaucoup par expérience, mais il existe quelques trucs.
Tout d’abord les cartes Visa.
Même si ces cartes ne donnent les codes pour le réseau Visa, normalement le magasin est codé à l’identique pour Mastercard et American Express.
On peut aussi utiliser les cartes American Express qui sont beaucoup moins précises dans la catégorisation mais donne une bonne idée par exemple pour la restauration ou le voyage.
On peut aussi trouver l’information de classification sur les relevés des cartes de crédit lorsque l’achat est porté au compte.
Exemple avec CIBC :
Les calculs ne sont pas parfaits et ils se basent sur l’information disponible par le marchand, l’émetteur de la carte ou le portail.
Comme les systèmes traitent des millions de lignes de transaction par jour, cela entraîne des “erreurs”, qui sont certaines à l’avantage du marchand et d’autres à l’avantage du client.
Les erreurs à l’avantage du client entraînent des pertes pour le programme, mais celles à l’avantage du marchand entraînent du mécontentement et possiblement le départ du client et c’est un gros risque pour le marchand/l’émetteur de carte.
La recherche a révélé qu’il est 5 à 6 fois plus coûteux d’acquérir un nouveau client que de conserver les clients existants.
On veut le plus possible éviter de frustrer les clients avec des faux positifs et c’est pourquoi les systèmes sont souvent plus permissifs que ce qui est indiqué dans les règles des programmes.
Il est donc important de comprendre les limitations pour exploiter les failles à son avantage.
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