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Portrait d’un « spotteur » d’avions à Montréal

Lors de notre article sur l’arrivée du Boeing 777-300ER de Swiss nous avions évoqué le groupe des observateurs d’aéronefs. Ceux-ci se rencontrent souvent au parc Jacques-de-Lesseps.
Ce dernier a été aménagé par l’aéroport de Montréal afin d’offrir un espace qui permet à tout à chacun de venir observer les avions lors de leur décollage et atterrissage. Le site web de la communauté (et sa page Facebook) présente notamment les différents postes d’observation autour des pistes de l’aéroport de Montréal.

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le parc Jacques-de-Lesseps en bleu. qui se trouve très proche des pistes

C’est un bel endroit pour y venir en famille pique-niquer. Les petits (et grands) adorent voir les aéronefs de si près. Nous profitons donc du printemps pour présenter ce groupe en espérant donner des idées à d’autres pour le rejoindre.
Nous avons posé des questions à Jean-Charles Hubert, un membre du groupe. Les photos ci-dessous et leurs légendes sont toutes de Jean-Charles.

Voici sa page Flickr où vous pouvez consulter plus de photos d’avions et… d’oiseaux 🙂

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Selfie avec le fameux MD-11 de KLM nommé Audrey Hepburn, le même dans lequel j’ai eu mon dernier vol le 10-11-14 et ma petite mésaventure.

Milesopedia: Est-ce que tu peux te présenter et nous expliquer qu’est-ce qui t’a amené à faire du spotting?

Jean-Charles Hubert: Mon nom est Jean-Charles Hubert, je suis un “spotteur” ou observateur d’aéronef, habitant à Montréal. Je cherche à photographier de façon artistique les aéronefs, afin de partager ma passion pour l’aviation, et cela même avec un public non-initié.

J’ai commencé à faire du spotting à 13 ans, alors que nous venions de déménager dans une maison dans l’axe d’une des pistes de l’aéroport de Dakar au Sénégal. C’est un ami, passionné d’avions et de simulateur de vol, qui m’a initié à ça, et j’ai commencé à emprunter l’appareil photo de mon père pour prendre, bien maladroitement, les avions en photo.

Au début, c’était plus pour documenter et collectionner le plus d’avions différents possible, sans trop me soucier de l’esthétisme et de la qualité des photos.  Pour de nombreuses raisons, j’ai arrêté ce hobby à quelques reprises, sans pour autant délaisser la photo où je me suis amélioré.

C’est en 2010, à Montréal, que je me suis remis au spotting et j’ai rejoint une importante communauté de passionnés, dans laquelle nous partageons nos photos, mais aussi toute information utile à la pratique de ce hobby.

MP: Quel appareil photo utilises-tu et quels sont les moments dans l’année où tu préfères faire des photos des avions à YUL?

JCH: J’utilise un appareil de type reflex numérique, à objectifs interchangeables, car il est rapide, surtout le système de mise au point et le capteur est assez grand et performant, pour réussir des photos dans des conditions d’éclairage complexes. L’éclairage est un élément essentiel de la photographie et la qualité de la lumière, sa coloration, sont d’une grande importance pour réussir des photos qui se démarquent d’une simple photo réussie.

Bizarrement, on pourrait croire que l’été est la saison préférée des spotteurs. Oui, il est vrai qu’il fait beau et chaud en été, mais des fois cela nous joue des tours pour la photo car la chaleur intense et la grande distance à laquelle nous sommes de l’action, sécurité oblige, cause des problèmes de flou de chaleur (heat haze) qui ruinent les photos. Par contre, en été, les journées sont longues.

À YUL, il est possible de faire de superbes photos des gros avions qui quittent pour l’Europe avec le soleil couchant, dès 19h00, à partir du Parc d’observation des aéronefs Jacques-De-Lesseps. Aussi en été, des orages surprises nous offrent des ciels menaçants et pleins de profondeur et avec un peu de chance, le soleil perce juste au moment où un avion se prépare à atterrir.

Mais sans contredit, l’hiver est ma saison de spotting préférée: pas de heat haze, une qualité de lumière incroyable lorsqu’il fait très beau et très froid, surtout le matin.

 

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Une belle après-midi d’été au Parc d’observation d’aeronefs Jacques-De-Lesseps, expressément construit par ADM pour accueillir les gens qui viennent voir les avions ou des membres de leur famille partir. L’avion sur la photo est le « géant des cieux” l’A380, qui malheureusement ne vient plus, pour l’instant, à Montréal


MP: As-tu des conseils pour un novice du spotting aux estrades?
JCH: Y aller vers 19h00, en été, pour voir les gros avions partir avec le soleil couchant. Ne pas hésiter à parler avec les habitués de la place, qui sont une vraie mine d’informations.

Au point de vue photo: bien suivre l’avion dans le viseur, beaucoup de débutants manquant de pratique, ont tendance à couper des bouts d’avions, car ils ne sont pas encore habitués à suivre un avion, de façon fluide et à une vitesse constante. Il faut aussi surveiller la ligne d’horizon afin de la garder droite. Ce problème peut aussi être réparé facilement en post-production même avec un programme d’édition très simple.

Faire attention aussi aux obstacles dans le champ de vision, autant en avant-plan, la clôture par exemple. Apprendre à cadrer serré pour augmenter l’impact visuel, ou cadrer large si l’avion est dans un environnement qui rehausse l’esthétisme de l’image: formation nuageuses, coucher de soleil.

MP: As-tu des apps mobiles que tu utilises pour le spotting?

JCH: J’utilise Flightradar24 et Flightaware pour connaitre le traffic qui vient ou part de YUL, ainsi que celui qui survole la ville. L’importance des réseaux sociaux a grandement amélioré le partage d’informations entre passionnés, comme par exemple le groupe de spotteurs locaux sur Facebook: 55e avenue- spotteurs Montréal

MP: Quel est ton meilleur souvenir de voyage en avion?

JCH: Mon vol sur un de mes avions civils préférés: le MD-11 de KLM entre Amsterdam et Montréal le 11 octobre 2014. Toute une aventure: j’avais pris un aller-retour sur ce vol, quelques semaines avant son dernier vol commercial.

La veille de mon départ de Montréal pour Amsterdam, je reçois un email me disant qu’à cause de la grève d’Air France, je devais prendre une correspondance Amsterdam-Paris, ma destination finale, on me transférait sur un vol YUL-JFK-CDG avec American !

Au retour d’Europe, le 11 octobre 2014, je pouvais finalement monter à bord de la dame en bleu, un MD-11 nommé Audrey Hepburn. Par une connaissance, qui travaillait chez KLM, on était au courant à bord, qu’un spotteur de Montréal, grand fan du MD-11 était à bord. J’ai donc eu droit à de petits cadeaux souvenirs et on allait essayer de me faire visiter la cabine.

Mais, à la moitié du vol, une personne a eu un malaise et nous avons dérouté vers l’Islande. On est reparti une heure après notre arrêt. Je savais que l’équipage avait d’autres préoccupations et je comprenais que ma visite du cockpit ait été annulée. Mais, on vint finalement me chercher pour visiter le cockpit, alors que nous passions proche de la ville de Québec.

Ce fût toute une expérience et comme je racontais à la blague à la chef de cabine, grâce à la diversion, j’avais eu au final mes 2 décollages et mes 2 atterrissages en MD-11 !

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Les courbes uniques de la “reine des cieux” Le Boeing 747-400 décollant de YUL, avec le Mont-Royal en arrière-plan.

MP: Quel est ton avion préféré en ce moment?

JCH: Je reste fidèle à la “reine des cieux” le B747-400, avec ses courbes incomparables mais ses jours sont comptés. J’ai bien hâte de voler à bord du B787 Dreamliner pour essayer sa cabine “organique”.

MP: Ton prochain voyage en avion?

JCH: Probablement en Europe ou une petite escapade à San Francisco.

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Il n’y a pas d’âge pour commencer le spotting, ou la simple observation des avions. Qui ne reste pas émerveillé en voyant ses oiseaux de métal fendre le ciel avec une telle aisance ? Beaucoup de spotteurs restent de “grands enfants” en pratiquant ce passe-temps.
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