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Femmes pilotes : entretien avec deux personnes inspirantes

En bref Le métier de pilote est généralement associé à la gent masculine, mais il y a autant de passion pour l’aviation pour une femme pilote !

En l’honneur de la journée de la femme, je me suis entretenue avec Judith et Karine, deux femmes pilotes passionnées.

Judith est nouvellement dans la profession alors que Karine est bien établie au sein d’un grand transporteur canadien comme pilote.

Pourriez-vous nous parler brièvement de votre cheminement en aviation ?

Judith

Il faut savoir que je viens d’une famille très conventionnelle et qui était plutôt fermée à l’idée que je devienne pilote, alors j’ai fait le saut plus tard dans mon parcours.

J’ai débuté dans le domaine en étant agent de bord pour me familiariser avec l’environnement, le style de vie ainsi que pour me faire des contacts. J’ai été mise à pied pendant la pandémie. J’ai pris ce temps d’arrêt pour commencer ma formation de pilotage et de me consacrer à temps plein à l’étude des examens écrits et de finaliser les qualifications et licences qui me manquaient. 

Karine

Je suis allée à l’école de pilotage à l’âge de 20 ans. Après mon cours, j’ai fait des patrouilles de feu et suite au 11 septembre 2001, j’ai exercé dans un autre domaine pendant quelques années avant de revenir dans l’aviation.

À mon retour, je suis allée dans le nord de l’Ontario où j’ai travaillé quelques années avant de rejoindre une compagnie régionale et finalement aboutir chez un gros transporteur.

Judith 2

Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir devenir pilote ?

Karine

L’aviation est arrivée par hasard dans ma vie. J’ai fait un vol de familiarisation et je n’ai plus cessé de voler ! J’ai eu la piqûre. Outre le pilotage même de l’appareil, j’apprécie le mode de vie. Et en même temps, quelques fois c’est difficile de quitter les enfants.

Judith

Dans mon cas, c’est une passion qui est tombée pendant ma jeunesse (vers 8-9 ans) ; tout ce que je voulais était de faire décoller des avions ! J’ai probablement aussi eu la piqûre en voyage, car je me souviens de n’avoir rien à faire des vacances en soi, c’était plutôt all about the ride !

Aline

C’est drôle que ce métier ait ce genre d’effet ; une fois que vous avez eu la piqûre, le reste semble chose du passé !

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Est-ce que c’est compliqué de devenir pilote ? Qu’est-ce que ça implique comme scolarité ?

Karine

C’est un métier de passion. Il y a plusieurs difficultés pour se rendre jusqu’à une ligne aérienne régionale ou majeure. Plusieurs étapes à franchir. La formation peut être faite dans une école privée, un cégep ou une université.

Aline

En effet, j’imagine que c’est très ardu et coûteux pour joindre un gros transporteur puisque vous avez besoin d’un minimum d’heures de vol à votre actif et que ces dernières sont tous à vos frais à moins d’avoir la chance d’étudier au public et de dérocher un emploi en terminant votre formation initiale !

Judith

En effet, je ne considère pas qu’il est difficile de devenir pilote, mais il faut avoir beaucoup de détermination et de dévouement pour les premières années. L’aspect financier est probablement ce qui freine le plus les candidats, car on parle quand même d’un apprentissage onéreux lorsque l’on fait le cheminement au privé. 

Heureusement, il y a des bourses créées dans le but d’encourager les femmes à entreprendre des études afin de pratiquer un corps de métier traditionnellement masculin. Ces organisations offrent même des programmes de mentorat et du support entre femmes pilotes.

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Quels sont les types emplois que tu peux faire comme pilote  de ligne ? Est-ce que c’est difficile de devenir pilote dans une grande compagnie ?

Karine

Il y a plusieurs possibilités d’emploi dépendant de tes choix et besoins. Tu peux voler pour une compagnie régionale et revenir à la maison presque tous les soirs ou voler des routes à l’international pour un gros transporteur, faire des vols de 10-12-16 heures et rester à destination 24-48-72 heures. Il y a beaucoup d’options selon le style de vie convoité.

Pour arriver dans une grande compagnie, il faut accumuler des heures de vol (souvent plus de 2000 heures). Ce qui peut prendre plus ou moins de temps selon la situation économique du moment, le chemin choisi et la chance un peu aussi. La difficulté, selon moi, en est une de persévérance.

Judith

En effet, le premier emploi est le plus laborieux à obtenir. Il y a trois parcours possibles. 

  • Devenir instructeur de vol. 
  • Travailler au sol comme agent de rampe, service à la clientèle, etc. pour une compagnie aérienne régionale qui offre un programme de « pilot-in-waiting ». 
  • Débuter avec des contrats de travail aérien (patrouilleur de la SOPFEU pour les feux de forêts, parachutisme, photographie aérienne, etc.)

Il y a certaines compagnies régionales qui engagent directement en tant que pilote, mais souvent elles sont hors de la province, donc les candidats doivent être ouverts à déménager.

Aline

Alors, que vas-tu choisir comme premier travail puisque tu viens de terminer tes cours de pilotage, Judith ?

Judith

Je suis présentement à envoyer mon CV dans les différentes compagnies qui pourraient être intéressées par ma candidature. La difficulté est naturellement le peu d’expérience. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je reste ouverte à toutes les possibilités!

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Comment vous sentez-vous en tant que femme dans un domaine d’homme ?

Judith

Je ne me sens pas différente comme femme pilote, car je sais que ma formation est identique et les compétences requises sont les mêmes pour tous, et je ne veux maintenir rien de moins que les standards exigés, comme il se doit. La perspective n’est plus la même et il y a définitivement plus d’ouverture à intégrer des femmes pilotes au milieu.

J’irais même à dire que j’ai été soutenue par davantage d’hommes que de femmes dans mon parcours initial. Maintenant, je fais partie de groupes de femmes pilotes et on s’encourage toutes mutuellement dans l’accomplissement de nos « milestones » et ce soutien est impressionnant !

Karine

Aujourd’hui j’ai une relation de travail égalitaire avec mes collègues, la plupart du temps. Il y a l’exception à la règle, le collègue misogyne, mais rien d’ingérable.

À mes débuts par contre, je crois que j’ai dû travailler plus fort qu’un collègue masculin pour prouver que je méritais ma place. Les temps étaient plus difficiles pour les femmes, surtout dans les emplois dans le nord, où tu peux accumuler les heures requises pour avancer.

Aline

C’est intéressant de comparer ton parcours, Karine, avec celui de Judith. Avec votre partage d’expérience, on voit bien comment le métier a évolué en 20 ans et que la femme pilote est plus acceptée aujourd’hui. C’est un super progrès selon moi.

Judith 3

Quelle est votre relation avec les agents de bord en étant dans un poste d’autorité ?

Karine

La plupart du temps elle est excellente. Je vais régulièrement souper ou en excursion avec les agents de bord. Les agents de bord connaissent beaucoup de choses sur nos destinations… à quel endroit on mange bien, où magasiner pour certaines choses qui valent la peine ! Avant d’arriver à destination je m’assure de leur demander leurs secrets locaux !!

Aline

C’est vrai que plusieurs agents de bord sont des « habitués » de certains endroits comparativement aux pilotes.

Judith

En effet, les pilotes sont affectés à un seul type d’appareil. Donc, c’est souvent les mêmes routes vers les mêmes destinations ; quand un remaniement des cédules se fait, une route peut être assignée à un avion pour la première fois.  Les agents de bord, eux, travaillent sur différents avions alors ils visitent plus de places.

Judith, pourrais-tu nous parler du métier d’agent de bord ? Qu’est-ce que tu as aimé et pas aimé ?

Judith

Les agents de bord ont comme but premier d’assurer la sécurité durant le vol. Il y a souvent de longues journées, des délais reliés à la météo, aux imprévus mécaniques (on n’est pas payés tant que la porte de l’avion n’est pas fermée !) et il faut aussi s’adapter à chacun de ses passagers.

Il n’est pas toujours évident de plaire à tout le monde, et l’expérience aéroportuaire amène son stress à plusieurs niveaux. Les conditions en début de carrière sont plutôt difficiles et la compensation financière relativement basse. Il n’est pas rare que les agents de bord aient deux emplois. 

Je ne retiens pas particulièrement de négatif de cette tranche de vie malgré les « bas », car au-delà de l’expérience d’agente de bord, j’ai découvert le milieu, j’ai appris les rouages et j’aurai certainement une meilleure compréhension du volet cabine lorsque je serai dans le poste de pilotage.

Judith, est-ce que tu as pu utiliser les points récompenses des cartes de crédit pour payer ta formation ?

Judith

Oui et non ! Les meilleures cartes avec remises en argent ont un maximum de dépenses allouées pour la remise, souvent autour de 2000 $ ou 3000 $ pour une remise de 10 % ou 15 %, donc je les ai maximisées rapidement.

Cependant, les montants étant exponentiels, parfois quelques milliers de dollars par semaine, je voulais en tirer le plus d’avantages possibles et rentabiliser ça d’une quelconque façon. Je me suis vite tournée vers les points-privilèges super flexibles qui s’accumulent tellement rapidement avec la Carte CobaltMD American Express et Aéroplan pour de futurs plans de voyage que je ferai.

Aline

En effet, avec ces montants, ce sont les primes de bienvenue qu’il faut viser puisque tu peux facilement débloquer des bonus. Tu as aussi eu la « chance » d’avoir pu faire ces paiements sur plusieurs mois, ce qui t’a permis de bien établir ta stratégie et espacer tes demandes.

Je suis contente d’entendre que tu as pris goût aux récompenses des cartes de crédit ! Avec ton futur métier de femme pilote, c’est certain que tu vas voyager plus donc rien de mieux que de voyager mieux !

Karine, qu’est-ce que tu récolte comme points en tant que pilote puisque tu as déjà plusieurs d’avantages au niveau voyage avec ton emploi ?

Karine

Je n’ai pas beaucoup de connaissances sur les programmes de récompenses des cartes de crédit. J’accumule des récompenses en argent sur mes dépenses personnelles, mais malheureusement je n’ai pas l’opportunité d’accumuler de récompenses particulières avec le travail.

Aline

Je t’invite à lire notre guide du débutant si jamais ça t’intéresse !

Tu peux quand même sauver sur les frais de conversion lors de tes escales à l’étranger. Je te suggère de regarder au niveau des cartes de crédit qui en sont exemptes ; c’est un 2,5 % sur chacun de tes achats !

On mentionne souvent qu’il n’existe pas une seule carte de crédit parfaite, mais une belle combinaison avec une carte à la maison et une carte pour avoir le meilleur taux de change pourrait être très avantageuse pour toi.

Quelles ont été vos destinations préférées à visiter en tant que femme ?

Judith

Est-ce un cliché de dire Saint-Martin pour une femme pilote ? J’ai eu la chance d’y aller en escale lors de mes dernières vacances en croisière ! Je ne dirais pas que j’ai aimé ces destinations parce que je suis spécifiquement une femme, mais le Portugal a aussi une place bien spéciale dans mon cœur. J’ai hâte d’y retourner et de pouvoir voyager sur la côte ouest-européenne.

Karine

C’est très intéressant de sortir du Canada et de voir comment ça se passe socialement, économiquement, les valeurs, les coutumes des autres pays. Nous sommes choyés au Canada.

Certains pays ne traitent pas les femmes de la même façon que les hommes. Ceci dit, j’apprécie particulièrement le Japon où je me sens en sécurité pour explorer toute seule et Tel-Aviv, Israël, une ville sur laquelle j’avais des préjugés, mais qui est inclusive, hétéroclite et magnifique.

Comme vous voyagez beaucoup dans le cadre de votre emploi, quelles sont les destinations sur votre bucket list et pourquoi ?

Judith

Je souhaite retourner au Portugal, car Lisbonne en 24 h avec le travail n’est tout simplement pas assez long, et j’en profiterais pour faire l’Espagne.

Aline

Ouain, vous avez souvent de très courts séjours à destination et qui sont habituellement juste après un vol de nuit où vous avez travaillé, ce qui n’est pas idéal pour explorer.

Judith

En effet ! La Grèce me semble également être d’une beauté infinie avec ses nombreuses îles, alors j’irais peut-être bien passer du temps là aussi, en croisière ?

Je suis quelqu’un qui adore la proximité avec l’eau, alors j’avouerai que je suis une fan finie des sites en bordure de grands étendus d’eau, du coast vibe et des croisières avec des jours en mer. 

Karine

J’aimerais bien visiter la Grèce aussi et y faire de la plongée et du voilier. La chaleur, la mer, les olives ! L’Autriche pour son histoire, ses musées et ses montagnes. Il n’y a pas beaucoup d’endroits où je n’ai pas envie d’aller. Je crois qu’il est possible de trouver des choses intéressantes à voir et à faire dans chaque pays.

Est-ce que vous voyagez souvent hors du travail ?

Judith

Lors de mes débuts en aviation, j’ai fait 4 voyages en 6 mois. Les avantages de voyage étaient nouveaux pour nous et on voulait en profiter !

Cependant, il arrive un moment où tu vis constamment dans ta valise et le temps à la maison devient des moments qui te permettent de te poser.

On pense fréquemment que ce sont des vacances quand nous sommes partis à destination avec le travail, mais au contraire, on revient épuisé et souvent, avec une dette de sommeil.

Aline

Je comprends, même avec des privilèges, ce n’est pas toujours plaisant de prendre l’avion, de coucher à l’hôtel et de manger aux restaurants quand c’est juste ça que vous faites avec votre emploi.

Karine

J’essaie de voyager le plus possible en dehors du travail, surtout pour faire faire des découvertes aux enfants. Mais dans une réalité monoparentale, entre les horaires de travail, les horaires de garde, l’école, c’est un peu moins facile pour l’instant.

Aline

Ah ça je suis d’accord ! Les voyages sont super instructifs pour les enfants. J’espère que tu pourras rapidement trouver un meilleur équilibre à ce niveau, ça ne doit pas être facile.

Comment voyez-vous la conciliation entre la famille et le travail dans ce métier pour une mère ?

Judith

Je n’ai pas de plans de famille personnellement. Cependant, l’aviation est un milieu sous-estimé, puisque je considère qu’il peut offrir de bons horaires pour les parents. On ne se cachera pas que les premières années sont moins évidentes, car les emplois peuvent être en région, sur appel, en rotation, la rémunération est généralement basse, etc. 

 Au fur et à mesure que les années avancent, la séniorité au sein de la compagnie augmente, et les conditions de travail s’améliorent aussi ce qui permet de choisir de meilleurs horaires. Le nombre de jours de congé minimum par mois est souvent établi à 12 jours dans la plupart des compagnies aériennes commerciales, ce qui est quand même 4 de plus qu’un calendrier régulier !

Il faut tout de même un bon réseau de soutien et un/une partenaire flexible, car des imprévus, ça arrive ! Les vols annulés et les changements d’horaire, ça nous dérange aussi ; on est tout aussi frustrés que vous lorsqu’on ne peut pas rentrer pour être avec nos familles à Noël !

Je crois sincèrement que tout le monde peut avoir son comble dans la balance travail/famille, même si cela prend parfois des sacrifices temporaires et une logistique de feu !

Karine

En effet, ça fait partie des difficultés, surtout en étant monoparental. Lorsqu’ils étaient très jeunes, je trouvais ça difficile de les laisser pour quelques jours. Mais ils sont résilients, les enfants, ils s’adaptent. Et avec les technologies, on peut se voir en vidéo.

Ça fait une dynamique familiale différente, mais une belle chose c’est que, quand je suis à la maison, je suis à la maison. Pas de course à l’épicerie à la fin de la journée de travail… j’ai un peu plus le temps de prendre le temps avec eux.

Aline

Étant maman moi-même, je peux comprendre que la séparation peut être difficile. Une mère le vit sûrement autrement d’un papa pilote, mais au moins, vous avez quand même des options d’emplois qui vous offrent de rentrer à la maison tous les soirs ainsi que beaucoup de journées off en tant que femme pilote . 

Comme Judith l’a mentionné, un minimum de 12 jours de congé par mois est déjà super. Puis, si vous êtes capable de combiner ça avec un horaire qui vous permet de revenir souvent dormir à la maison, ce n’est pas tant éloigné d’un horaire « normal ».

Mot de la fin

Je vous trouve extraordinaires d’avoir suivi votre passion et d’avoir persévérées dans ce métier. J’espère que vous allez inspirer beaucoup de jeunes filles à entreprendre ce qu’elles désirent, pas spécifiquement comme pilote d’avion, mais n’importe quel métier qui n’est pas typique ou usuel pour les femmes. 

En effet, de mon côté, j’ai eu la chance d’attaquer mes études au bon moment pour devenir dentiste, une carrière qui est un peu plus féminine aujourd’hui qu’avant ; je ne sais pas si j’aurais eu votre courage pour me lancer là-dedans si l’image et la perception de ma profession étaient différentes !

Chapeau à vous et merci de votre partage d’expérience !

P.S. Judith vous encourage aussi à venir faire un tour à l’événement gratuit de Elevate Aviation qui aura lieu à Montréal le 17 mars 2023.

Cette tournée s’adresse à toutes les jeunes filles et femmes intéressées à en savoir plus ou qui aspirent à une carrière en aviation, toutes professions confondues.

Tous les détails sont ici.

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Aline
Je suis Aline, une voyageuse expérimentée, une foodie dans l'âme, une Avgeek, une passionnée de photographie et une experte des programmes de cartes de crédit. J'utilise les points récompenses pour voyager à petit prix et pour économiser sur la vie de tous les jours ; écrire sur ces sujets me permet de vous partagez ma passion et de vous aider. ~ 7 continents et 75 pays ~

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